Bienvenue en République Socialiste du Viêt Nam

Publié le par Laetitia et Nelly

Vendredi 19 septembre, nous quittions la Thaïlande pour le Vietnam. 1h30 de vol plus tard et, de la folie de Bangkok, nous voilà projetées dans la cacophonie d’Hanoi.

 

Obtenir son visa d’entrée au Vietnam nécessite un peu de préparation. Nous étions donc passées par une agence contactée par mail qui nous avait envoyé un droit d’entrée d’un mois à présenter en douane, accompagné d’une photo et de 25US$ par personne. Car, pour le peu qu’on ait vu, les Vietnamiens raffollent du dollar américain.

L’avion entier se rua donc vers le guichet des visas. On nous remit un formulaire à compléter, puis à présenter à un autre guichet muni de la photo et des sacro-saints dollars. Contrairement à notre voisin qui n’avait pas de photo, nous avions celles-ci mais il nous manquait l’argent. Impossible, bien entendu, de payer par carte bancaire. Nelly partit donc, accompagnée d’un officier de l’aéroport, à la recherche d’un guichet.

Elle revint une dizaine de minutes plus tard, munie de dôngs, la monnaie nationale, car aucun dollar n’était disponible. Il fallut donc convertir tout ça alors qu’on n’était guère habituées à cette monnaie et que l’on se familiarisait tout juste avec les bahts thaïlandais.

Près d’un million de dôngs fut versé et l’on se rendit compte, a posteriori, que le sacripan d’officier s’était servi au passage de 25000 dôngs, un peu plus d’un euro. Ca ne paraît rien comme ça, mais il faut savoir que le revenu mensuel d’un Vietnamien est d’environ 40€ par mois…

Cette épreuve passée, on pouvait se rendre, enfin, au guichet des passeports. En tout cas, c’est ce que l’on croyait jusqu’à ce que l’agent nous dise qu’il nous manquait un papier et qu’il nous fallait retourner en arrière. Mêmes informations à compléter une énième fois mais, après ça, on avait enfin tout.

Retour au passeport. Nelly avança au guichet tandis que je patientais derrière. Là, j’entendis un aboiement féminin, « Oh, oh, oh !!! ». Je tournais donc la tête sur ma gauche pour comprendre que c’était à moi que l’on s’adressait ainsi. Une officier me faisait « gentiment » signe de me diriger vers un autre guichet. Je regardais Nelly les yeux écarquillés et l’on ne pût que ricaner doucement.

Une fois passée l’épreuve des visas, on se dirigea finalement vers le hall. L’auberge où l’on avait réservé une chambre nous avait envoyé un taxi car, d’après l’interlocutrice, ceux de l’aéroport « n’étaient pas fiables ». C’était donc la première fois que nous apercevions notre nom sur un écriteau à notre sortie d’avion.

Je montrais à Nelly la pancarte et l’on se dirigea, tout sourire, vers notre chauffeur. « Hello ! », lui lança-t-on car on avait malheureusement déjà oublié comment saluer en vietnamien. « One hour waiting ! » (« Une heure que j’attends! »), fût l’unique réponse émise.

Notre chauffeur nous fît comprendre qu’à présent il était en retard et qu’il fallait aller « quick, quick ! ». Le zen bouddhiste dans toute sa splendeur nous attendait. On monta dans le taxi et on se vit répéter « Quick, quick ! ».

On démarra, comme prévu, sur les chapeaux de roue. A fond les ballons, on fonçait vers les voitures devant nous et, au lieu de ralentir, notre chauffeur avait le pouce scotché sur le klaxon. Parfois, lorsque les deux voies étaient occupées, il semblait vouloir en créer une nouvelle, en se décalant vers le bord bétonné de la chaussée gauche. D’autres fois, il passait limite entre deux motos collées l’une à l’autre à droite et un 4X4 à gauche. Et toujours, l’incontournable doigt sur le klaxon.


Parfois, il répondait au portable en vociférant et se tournait vers nous en nous lançant « Late, late ! » (« En retard, en retard ! »). L’avait qu’à pas nous attendre d’abord et d’ailleurs, c’était pas nous qui avions instauré les règles d’entrée interminables dans la République Socialiste du Viêt Nam.

A notre immense désarroi, on se rendit vite compte qu’il n’était pas le seul à abuser des coups de klaxon. En fait, ça claironnait de partout ! 

Par la fenêtre teintée, des bœufs se déplaçaient placidement aux abords de la route, des paysans cultivaient leurs champs de riz, des lycéens se promenaient à bicyclette. Deux mondes si antagonistes se confrontaient. Je préférais perdre mon regard au dehors que fixer, blême, les zig zag, queues de poisson, coups de frein de notre apprenti Samy Nacéri.

Après environ trois quarts d’heure à ce régime frénétique, il nous déposa, toujours aussi maître de lui-même, près de l’auberge en nous réclamant un prix exorbitant. Face à notre refus, il appela la gérante de l’hôtel qui nous confirma que le tarif était « normal ». On s’y plia, bien malgré nous. Que pouvait-on bien faire d’autre d’ailleurs ?

Après le ‘Pays du Sourire’ et de l’hospitalité qu’est la Thaïlande, on comprit alors qu’il nous faudrait faire bien des efforts pour conserver un semblant de calme et de paix intérieure… Bien loin de nous, Bouddha, Confucius ou Lao Tseu…

Publié dans Carnet de Route

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