Ile de Cat Ba, dans les environs de la Baie d’Halong
Il faut prendre un train pendant 2h30, les fesses posées sur un siège dur. Puis un bateau rouillé à l’intérieur duquel la chaleur est étouffante pendant 2 nouvelles heures et demie. Au final, on aura passé 5 heures dans les transports pour écumer 100 kilomètres de voie ferrée jusqu’au port d’Haiphong et 45 kilomètres de traversée ! Mais tout cela valait incontestablement le détour.
Quelle délivrance de quitter Hanoï et ses rues embouteillées, ses bruits de klaxon continus, ses habitants froids, voire agressifs… Quitter Hanoï pour découvrir le visage d’un Viêt Nam rêvé, d’un Viêt Nam de carte postale et d’ombres… chinoises !
Sur l’Ile de Cat Ba où nous avons posé pieds, la Baie d’Halong, déjà, nous fait signe. Des monts déchiquetés jaillissent de l’eau, un paysage d’estampes et de jeu de dominos géant encerclent l’île. Un véritable village flottant habite la baie, peuplé de bâteaux de pêche et de bicoques en bois s’ornant de centaines de loupiottes dès la nuit tombée.
Le calme est ce qui nous a frappé en premier en arrivant : pas de voitures, quelques motos (qui klaxonnent bien entendu, comme à Hanoï ; il s’agit certainement d’un sport national, ou peut-être une religion…). Puis, ce sont les sourires des habitants, leur bonne humeur et l’apparente sérénité qui en émanent. Mais toujours ce jeu de dupes agaçant, cette tricherie dont on ne saurait déceler le vrai du faux. Ces sourires sont-ils sincères ou commandés pour mieux faire digérer l’arnaque ?
En guise d’exemple, aujourd’hui, nous nous sommes arrêtées à un marché local pour manger. A la vue de deux touristes, la serveuse a accouru, tout sourire. Elle nous a apporté le menu spécial touristes : en anglais, et avec des prix gonflés à bloc (sous le stylo noir, on voyait encore les anciens prix). Plus chers que dans n’importe quel restaurant du coin ! Quand on lui a dit qu’on ne voulait plus manger car c’était trop cher, elle nous a rétorqué que « No, Viêt Nam is cheap ! ». Oui, mais pas pour les touristes apparemment !
Mis à part ces petites déconvenues agaçantes, la nature alentour est magnifique. On a loué une moto ce matin pour nous rendre au Parc National, à quelques kilomètres de là. A peine a-t-on commencé l’escalade jusqu’au pic Ngu Lâm qu’il s’est mis à pleuvoir. Le sentier s’est alors transformé en terrain glissant boueux et, malgré la température qui nous semble plutôt clémente, nos corps se sont mis à suinter de tous leurs pores. La sueur s’est mise à perler sur nos fronts. Tout autour, une forêt primaire, des lianes, ne manquent que les singes à tête blanche, une espèce de l’Ile de Cat Ba.
Enfin arrivées au pic, au sommet de la tour en fer, la vue est vertigineuse : à perte de vue, des montagnes verdoyantes nous encerclent, nappées dans la brume.